Depuis combien de temps était-il là à agoniser sur le sol de cette ruelle miteuse ? Il avait fallu d’un coup, un seul pour arrêter In Ho et il n’en était pas tellement fier. En ayant voulu jouer au plus intelligent, le soldat avait réussit à se prendre une balle en plein dans la fesse droite et il savait qu’en se rendant aux soins offerts aux employés du gouvernement, il en entendrait parler pendant des semaines. Hors de question pour lui d’être la cible des moqueries…In Ho n’appréciait pas que les gens lui portent de l’attention et essayait bien souvent de se faire le plus discret possible pour qu’on lui foute la paix mais dans le cas présent il n’était pas dupe. Vouloir traquer un petit dealer de quartier et se faire mettre à terre si facilement était terriblement gênant pour un soldat de son rang…

Avec tout le courage dont il pouvait faire preuve, In Ho finit par se redresser pour sortir de cet entroit peu fréquentable. Heureusement pour lui, sa voiture l’attendait à quelques mètres seulement de lui et ce fut qu’après l’avoir atteint que l’ancien flic se maudissait de ne pas avoir esquivé cette balle. Comment allait-il faire pour conduire ? Contraint de s’asseoir sur le siège, le coréen retira sa ceinture pour la glisser dans sa bouche avant de se forcer à poser son joli postérieur sur le siège. Aussitôt, In Ho mordit violemment dans le cuir de sa ceinture, gémissant de douleur. Quel idiot il faisait…Le plus rapidement qu’il pouvait, il rentrait finalement chez lui, se dépêchant d’aller s’affaler dans son lit. A cet instant il ne désirait qu’une chose : qu’Ezeckiel vienne le soulager. Le téléphone dans la main, le coréen commençait à taper un message à son attention, le priant gentiment de venir tout en précisant que cela était assez urgent.

 « Ne tardez pas trop à le rendre et ne l’abimez pas c’est tout ce que je vous demande ! »
Le sourire aux lèvres, notre jeune Ezeckiel tendit le gros volume à l’étudiante qu’il avait en face de lui. Une charmante étudiante blonde et bien roulée, qui d’ailleurs lui faisait de l’œil tout en prenant son livre. Il faut dire que c’était toujours surprenant et plaisant au début, de se trouver face à un magnifique jeune homme à la tignasse rouge brillante et qui avait toujours le sourire, au lieu d’une vieille bique décharnée. Alors les œillades, Ezeckiel avait fini par s’y habituer et puis, ça ne durait jamais. L’homme s’inclinait ensuite pour lui dire au revoir et la regarda partir. Lorsqu’elle n’était plus là, il secoua la tête. Encore une qui allait revenir souvent. Il ne les comptait plus à force.

Ezeckiel partit ensuite ranger des livres fraîchement achetés sur les rayonnages. Même si son travail lui plaisait bien, il ne cracherait franchement pas sur un , ou une , assistant(e). Eh oui, Ezeckiel gérait tout seul cette grande bibliothèque. Alors parfois, un peu d’aide ne faisait pas de mal. A moins que l’ancien gérant s’était dit qu’un robot pouvait tout faire tout seul… Oui mon brave monsieur, un MX d’accord. Mais pas un robot de première génération. Ça se fatigue tout autant qu’un humain… Ezeckiel sentait tout à coup son portable vibrer ce qui le sortit de ses pensées. Il lut le message tout en se dirigeant vers son comptoir : In Ho qui lui priait de venir au plus vite. Il lui envoya un bref sms de réponse comme quoi il arrivait, enfila sa veste et ferma la bibliothèque pour un petit moment. Il s’y rendait à pied car heureusement ce n’était pas très loin de la bibliothèque.

Une fois arrivé devant la porte, il sonna puis toqua deux fois. Un code de reconnaissance au cas où. Où quoi d’ailleurs ?  

Calé sur son lit, le ventre contre les draps, In Ho n'osait même pas regardé l'état de son postérieur. Au vu du sang qu'il y avait sur son lit et ses vêtements, il ne doutait pas une seule seconde de la jolie cicatrice qu'il allait arborer pour le restant de ses jours. Décidément, le soldat avait le chic pour abimer son joli corps et il n'était de loin pas le seul à le penser. Lorsqu'il était encore en couple - et cela remontait à trois ans - sa petite amie ne cessait jamais de lui dire de faire attention. Il se souvenait à quel point son physique comptait pour la jeune femme à l'époque mais bien qu'il ait toujours trouvé ça abusif, il ne s'était pas une seule seconde imaginé qu'elle le quitterait après son accident sous prétexte qu'il était devenu "infirme". Depuis ce jour, In Ho avait clairement du mal à l'idée de se trouver quelqu'un pour partager sa vie et dans tous les cas, il n'était pas très pressé.

Le front brûlant, l'asiatique continuait à gémir contre son coussin, trouvant l'attente insupportable. Ezeckiel avait répondu à son texto mais n'était pourtant toujours pas arrivé. S'était-il perdu en route ? Et s'il l'avait oublié ? Il valait mieux pour lui que ce ne soit pas le cas...Toujours en train d'agoniser, l'humain faillit pleurer de soulagement lorsque son invité se mit à frapper à sa porte. Bien qu'il lui soit douloureux de se lever, il fit l'effort de sortir du lit pour aller ouvrir la porte. Tout en grimaçant légèrement, le soldat essayait de lui offrir un vague sourire qui devait faire assez peur à voir. Heureux et surtout soulagé qu'il soit là pour s'occuper de lui, il attrapa la main du robot sans hésiter pour le tirer dans sa chambre et se laisser retomber sur le lit. « Pour faire court, une balle a accidentellement atterri dans ma fesse droite. » Conscient du ridicule de la situation, le soldat tournait rapidement la tête pour le regarder. « Je t'interdis de rire. »

 Les mains dans les poches, il attendait que son ami lui ouvre. Il avait réussi à entendre des gémissements de douleur et s’attendait à se retrouver devant un soldat en sang. Il ne pensait pas que la situation était aussi ridicule, il voyait plus In Ho avec son autre jambe sanglante à laquelle il lui faudrait un bon bandage et une semaine de repos. Mais lorsque la porte s’ouvrit, pas de jambe en sang à l’horizon. Juste une grimace de douleur, qu’il se voulait en sourire à coup sûr,  que lui offrait le plus vieux. Il allait ouvrir la bouche pour lui demander ce qu’il se passait mais il n’eut pas le temps. In Ho lui avait agrippé la main.

Ezeckiel rougissait légèrement à ce contact. Le soldat ne lui avait jamais pris la main de cette façon. C’était plutôt le poignet ou le bras, il se souvenait très bien de chacun de ces passages. Alors ce contact-là, le bouleversait quelque peu. Mais il ne s’en formalisa pas après que son ami se laissa choir sur le lit. « Je peux savoir ce qu’il se passe ? » Contre toute attente, Ezeckiel ne s’esclaffa pas à la révélation du soldat. Un simple sourire en coin lui suffisait. « Fais-moi voir ça alors. » Il retourna délicatement In Ho sur le ventre et observa les dégâts. « ça a bien entamé la chair au vu des saignements. Il faut retirer la balle et stopper l’hémorragie. » Il se redressa. « J’ai laissé mes affaires ici l’autre fois. Tu ne bouges pas ». Mais de toute façon, il était sûr qu’il ne bougerait pas. Trop douloureux.

Il revînt avec sa mallette de soin environ une dizaine de secondes après. Il prenait un petit tabouret pour la poser et se mit à genou. Ouvrant sa mallette, il en sortit du coton et de quoi nettoyer. « ça va piquer un peu, faut pas être douillet. » Il commença doucement à appliquer le coton imbibé de liquide sur la chair douloureuse puis, une fois qu’il jugeait la surface nettoyée et désinfectée, il regarda les pinces qu’il avait à disposition. « Laquelle prendre ?... »
 

Dès le moment où le jeune robot avait passé la porte, In Ho s'était attendu à une remarque débordant d'ironie mais rien. Au contraire, la machine l'avait sagement suivit jusqu'à sa chambre et jeté un coup d'oeil à sa blessure sans se moquer. Un peu décontenancé par tant de sérieux de la part de son vis à vis, In Ho qui s'était préparé à contrer la moindre de ses remarques se retrouvait soudainement bête. Sans qu'Ezeckiel ne s'en doute un seul instant, l'humain le remerciait silencieusement alors qu'il s'éloignait pour aller chercher de quoi le soigner. Le soldat appréciait le professionnalisme du robot et lui était reconnaissant de ne pas en rire car après tout, même si la situation était ridicule, In Ho avait mal. En plus de cela, son égo était bien assez souvent touché par les remarques des autres au sujet de sa jambe alors un peu de répit n'était pas de tout refus.

Toujours affalé sur le lit, In Ho n'avait pas bougé d'un poil comme le lui avait ordonné le robot. Néanmoins, il ne put se retenir de tourner la tête pour observer les dégats en tirant une nouvelle grimace. Ce n'était pas beau à voir et pour être totalement honnête, il aurait préféré qu'Ezeckiel voit son postérieur dans d'autres circonstances pour ne pas en garder une image aussi peu plaisante. La lèvre coincée entre ses dents, le soldat serrait les draps sous ses doigts à la remarque d'Ezeckiel. Se moquait-il de lui ? "Avec le temps je croyais que t'avais compris que je n'étais pas douillet...D'ailleurs je me demande parfois si je suis pas un peu masochiste." Ce n'était qu'une constatation et non une révélation que le soldat venait de faire au robot. Après tout, à force de prendre des risques et de se faire mal, In Ho pouvait commencer à se demander s'il n'était pas un peu étrange, non ? Les yeux toujours rivés sur son matériel, l'humain fronça ses sourcils à sa question,  peu rassuré de le voir si hésitant. "Me fais pas le coup du débutant, Eze. T'es balèze dans le domaine non ? Prends moi cette pince et sors cette balle que je puisse aller picoler un coup" Il s'arrêtait pour faire une pause avant de lui sourire. "Si tu fais ça rapidement, je te ferais un gros câlin pour remercier mon super infirmier. Je t'offrirais même une bière si tu es sage"

 Notre jeune robot ne s’était pas moqué de In Ho pour la simple et bonne raison que même si cela paraissait ridicule, dans son passé, il avait déjà vu pire. Alors non, les blessures des gens ne le faisaient pas rire. Et même s’il s’était blessé les parties intimes, il n’aurait pas ri parce que dieu sait comment ça faisait mal. Il faut savoir aussi que c’est la même chose pour les robots : les parties intimes étaient bien plus fragiles que le reste du corps. Alors non, Ezeckiel ne s’était pas moqué pour toutes ses raisons. En grand professionnel, il avait débuté son travail par un nettoyage de la zone blessée. Tout en faisant cela, il avait plaisanté sur le fait de ne pas être douillet et le soldat s’était alors mis à parler de sadomasochisme pour répliquer. « Je donnerais bien deux-trois coups de fouets à ce charmant postérieur si tu es aussi maso que tu le dis ». Ok, il avait pensé trop fort. Il remarqua sa boulette, une dizaine de secondes après et, tout en rougissant, il espérait que c’était tombé dans l’oreille d’un sourd. Mouais bon…

Ezeckiel avait maintenant bien désinfecté la zone douloureuse. Il allait procéder désormais au retrait de la balle. Il regarda les différentes pinces à sa disposition et feint d’hésiter pour s’amuser un peu. Evidemment qu’il savait laquelle prendre, il n’était plus un bleu depuis longtemps tout de même ! Il avait même déjà analysé de quel engin provenait la balle. « Relax hyung, je gère la situation. Tu t’es fait tirer dessus par un charmant 9mm. Plutôt récent, peu utilisé. Enfin bon. » Il attrapa la pince adéquate à la situation et commença la petite opération qui se déroula avec succès. « La bêbête est sortie de son trou. Maintenant va falloir reboucher. » Reboucher voulait dire point de suture. Pas la partie la plus amusante mais s’il fallait y passer et bien soit ! Problème : il ne trouva pas son nécessaire à coudre dans sa trousse de soin. « Tu vas devoir attendre encore un peu avant de picoler. J'ai pas le matériel pour te recoudre...à moins que... »

Etalé sur son lit comme une larve, on ne pouvait décemment pas dire que notre soldat était dans le meilleur de sa forme. Il était rare qu'il montre ses fesses au premier venu pour commencer mais la situation dans laquelle il se trouvait avait une toute autre connotation. Pour une fois il ne s'était pas mis à moitié nu en vue d'une folle nuit de sexe. Oh non, cette fois-ci, In Ho avait baissé le pantalon pour qu'un robot lui sorte une balle de la fesse. Rien de bien excitant, n'est-ce pas ?

Loin d'être rassuré à l'idée de se faire "réparer" dans sa chambre, loin d'une salle d'opération, In Ho avait pourtant opté pour cette option plutôt qu'une autre. Pour se faire, il avait appelé Ezeckiel à sa rescousse et ce dernier était à présent en train de nettoyer sa plaie tout discutant avec lui. Les yeux rivés sur la plaie, le soldat ne semblait pas plus gêné que ça à l'idée de le voir faire jusqu'à ce que le robot réponde à l'une de ses remarques d'une manière bien...étrange ? Aussitôt la phrase dite à haute voix, In Ho laissait ses sourcils se froncer, essayant de comprendre où il pouvait bien en venir. "Tu déconnes, pas vrai ?" Bien qu'il ne soit habituellement pas choqué par ce genre de remarques, entendre de tels mots sortir de la bouche d'Ezeckiel le perturbait assez.

La fatigue commençait gentiment à pointer le bout de son nez au moment où le robot hésitait à s'y mettre. Parfaitement bien détendu, In Ho ne faisait plus attention à ses gestes et fut donc assez surpris de sentir l'objet dans sa chair. Comme il l'avait pressenti, ce n'était pas franchement agréable et malgré ce qu'il avait dit, il ne put retenir un gémissement plaintif. S'il avait pu frapper Ezeckiel, il l'aurait probablement fait mais pour le moment il n'était pas en état de bouger. "Hmpf...rassuré de savoir que c'est sorti. Dépêches de toi de fermer maintenant" Il commençait à se faire tard et l'humain avait envie de manger, mais ce n'était pas les fesses à l'heure qu'il allait pouvoir répondre au livreur de pizza lorsqu'il viendrait sonner. Impatient, il tirait légèrement sur les draps avant de tourner la tête pour l'observer à nouveau. "A moins que quoi ? Dépêches toi, plus vite ce sera fait plus vite je pourrais me lever pour manger et picoler"

Ezeckiel n’avait pas demandé plus de détails à In Ho sur comment il s’était fait ça. Une balle perdue ? Une méchante erreur de débutant ? Il était curieux mais il n’osait pas tellement. Et puis, la vue de ce charmant fessier, quoique un peu ouvert, lui plaisait énormément. Il fallait le dire, son ainé était un bel homme et Ezeckiel ne se privait pas de la mater quand il pouvait. Une fois encore, il avait observé le corps et le postérieur parfait de son ami qui l’avait appelé à la rescousse. Tellement parfait que, pendant qu’il nettoyait la peau ensanglantée de son fessier, une phrase « tordue » lui avait échappé. Oui, cette phrase aurait vraiment dû rester une simple pensée mais Ezeckiel a pensé un peu trop fort il semblerait. Quand il remarqua sa sottise, le jeune robot ferma les yeux, devint aussi rouge que sa propre chevelure, envisagea de se terrer à six pieds sous terre et espéra fortement ne pas avoir été entendu. Mais comment ne pas avoir entendu avec un tel silence ? C’était définitivement peine perdu comme le fit remarquer In Ho. Il avait bien évidemment entendu. Ezeckiel soupira légèrement. « Non je ne déconne pas. Et j’ai envie de t’embrasser en plus de ça » Ok, il s’était davantage enfoncé dans sa connerie. Franchement bravo Ezeckiel tu fais des progrès. Continue comme ça, dis-lui que tu veux lui faire l’amour est on est bon ! A toutes ces pensées, des images obscènes lui passaient en tête et le jeune robot se dépêcha de les faire disparaitre.

Voilà, il lui avait gentiment retiré l’objet intrusif comme un professionnel et en faisant preuve de douceur. Maintenant Ezeckiel en était arrivé à la phase « recoudre ». Oui mais pour recoudre, il fallait : du fil, et une aiguille ainsi qu’une bonne dose de minutie et de patience. La minutie et la patience étaient acquises… Il lui manquait juste le matériel adéquat. Le robot farfouilla plusieurs fois dans sa trousse de soin mais le fil et l’aiguille était introuvable. Il pesta un moment dans sa barbe, fit part à moitié du problème à son patient puis eut une illumination. « Je sais ! » Il refouilla de nouveau dans sa mallette et en ressortit une étrange chose. « Ceci est un nouveau prototype de pansement. En gros, j’ai juste à le poser sur la partie de ton cul blessé et il recoud à ma place ! Sans aucune cicatrice puisqu’il aide juste la peau à se refaire~ Attention.... » Ezeckiel posa le pansement sur la zone blessé du soldat puis, soi-disant pour bien le coller, administra une fessée sèche et nerveuse au postérieur de son ami. Il regarda ensuite ce dernier avec un grand sourire. « Officiellement terminé, tu peux aller boire un coup si ça te chante ! ».

Depuis qu'il connaissait le robot, In Ho n'avait jamais eu le droit à des remarques désobligeantes de sa part. Non, habituellement, lorsqu'Ezeckiel lui rendait visite, il ne restait pas bien longtemps et se contentait de le soigner avant de s'en aller comme il était venu : sans vraiment parler. Il fallait dire que cela arrangeait l'humain qui préférait bien souvent le silence aux longues discussions ennuyeuses et sans intérêt. Pour une fois, le robot avait donc décidé de faire le bavard. Heureusement pour lui, In Ho était ouvert à la discussion pour une fois et cela ne le dérangeait pas plus que ça. Du moins, jusqu'à ce qu'il se mette à lui faire des remarques...étranges.

Les fesses à l'air, le soldat se mit à froncer les sourcils à la nouvelle "révélation" que venait de lui faire son pseudo ami. Que lui arrivait-il aujourd'hui ? Etait-il bugé ou tout simplement pas assez chargé pour réfléchir à ses paroles ? Loin d'apprécier ce genre de commentaire dans une telle situation, In Ho resta néanmoins silencieux. Il ne savait pas quoi dire pour être honnête...

Confus, le soldat ne disait plus rien et se contentait d'attendre qu'il finisse de le soigner. Une fois le projectile retiré de son postérieur, il put enfin souffler un coup pour se préparer à la suite. Se faire recoudre la peau était toujours particulièrement douloureux mais il n'avait pas le choix. Du moins il le pensait jusqu'à ce qu'Ezeckiel lui présente un pansement "magique". Intrigué, l'humain le laissa faire sans broncher et regarda sa peau se refermer presqu'aussitôt en écarquillant les yeux. C'était de la magie. Ce truc était tout bonnement génial ! Heureux d'avoir été réparé aussi facilement, In Ho se redressa alors sans commenter sa fessée totalement inutile avant de foncer dans la cuisine pour aller se chercher une bière. Bien évidemment, il avait dit au robot qu'il lui en offrirait une s'il réussissait à le soigner rapidement et malgré son envie de le voir partir pour ne plus avoir à supporter ses remarques gênantes, il en saisit une seconde qu'il lui apporta en restant assez neutre. "Oublies que t'as vu mon cul, ok ? Même s'il est magnifique" Sa requête était un peu impossible mais au moins il avait essayé. Il le tira alors dans le salon et s'assit sur un des canapés. "Hm tu devrais vérifier que ton système n'a pas de virus. Tu as dis des trucs bizarres tout à l'heure alors que d'habitude tu es normal. Tu veux que j'appelle quelqu'un pour te réparer ?"

On ne pouvait pas dire qu’Ezeckiel était silencieux lorsqu’il s’occupait d’In Ho. Il bavardait quand même un petit peu avec le soldat, histoire de le faire penser à autre chose qu’à sa blessure. Mais c’est vrai qu’il n’avait jamais dit de telles choses auparavant. Et il savait que ça allait être mal interprété et qu’il devait se contrôler. Malheureusement, son cœur en avait décidé autrement. Ce petit cœur qui en avait marre de retenir les pulsions sentimentales de la tignasse rouge commençait à évacuer. Ce qui était tout bonnement stupide et tout bonnement…pas le bon moment. Oui, vous venez de comprendre que Ezeckiel a fini par avoir des sentiments pour le soldat. Les raisons restent toutefois obscures et n’allez pas demandé au petit bibliothécaire des choses à ce sujet. Il vous répondrait avec assurance qu’il ne sait pas.

Enfin bref. Son travail était maintenant terminé et l’humain avait vraiment l’air fasciné par les immenses progrès de la médecine. S’il savait qu’on pouvait faire recouvrer la vue à un aveugle sans chirurgie, Ezeckiel n’imaginait même pas sa tête. Il s’abstint toutefois de lui en parler : Pas sûr quand même que ce soit un sujet de conversation intéressant pour le soldat. Par contre, le cul d’In Ho était un sujet intéressant pour Ezeckiel… WHAT ? Wait… Ah. Non c’est juste que l’asiatique vient de lui ordonner d’oublier la vue de son cul. En rajoutant qu’il est magnifique. Et Eze’, ou plutôt son esprit tordu, a un peu déraillé. De toute façon, quand il s’agissait du soldat, ça déraillait toujours un peu. « J’approuve grandement. T’as un postérieur digne des grecs que j’aurais aimé tripoté encore un peu plus longtemps… » Alors là, tu fais hyper fort Ezeckiel ! En se rendant compte de son affreuse connerie, le robot plaqua sa main contre son front. « …Non mais oublie, fais comme si c’était le souffle du vent qui t’avais répondu » Oui parce qu’il fallait essayer de rattraper le coup absolument. Deux perversités en même pas une heure… C’était vraiment suspect.

Il était maintenant face à l’objet de son amour, si on pouvait l’appeler ainsi, une canette à la main. Tout en buvant sa bière, In Ho revenait sur le précédent petit incident. Visiblement, il n’avait pas tellement apprécié les paroles salaces qu’Eze’ avait prononcé lorsqu’il soignait son postérieur blessé. Il lui demanda même si ça venait de son système, s’il n’avait pas de quelconques virus ou quoi. Le soldat voulait appeler le réparateur mais le robot l’en empêcha. « Ça vient vraiment de moi. C’est vraiment ce que je pense…. Désolé si ça t’as gêné. » Ezeckiel absorba alors une grande gorgée de sa bière pour se donner du courage. Parce que du courage pour ce qui allait suivre, il lui en fallait. Il regarda ensuite son interlocuteur droit dans les yeux. « Je crois que je suis ce qu’on appelle, amoureux de toi. » Puis il se pencha et écrasa maladroitement ses lèvres sur celles d’In Ho une première fois. Première tentative maladroite. Il faut dire qu’il ne savait pas trop comment faire…

A la base, In Ho ne s'était jamais intéressé à un robot en dehors d'une certaine demoiselle qui lui rappelait étrangement son ex. Mais dans ce cas-là, la situation était différente et ce n'était pas réellement de la machine dont il était attiré mais plutôt de l'image qu'elle lui renvoyait d'une humaine qui l'avait quitté quelques jours après son accident.

Pour être totalement honnête, In Ho n'avait même jamais envisagé de pouvoir avoir un jour une relation avec une de ces machines, peut-être justement car ils n'étaient que des êtres créés de toutes pièces. Pour lui, il lui était difficile de s'imaginer que des morceaux de métal puissent avoir des sentiments et surtout puissent aimer. Après tout, quelle différence y avait-il entre Ezeckiel et une voiture en dehors de sa forme humaine ? Il avait beau être "comme" les êtres humains, ça ne faisait pas de lui un être vivant.

Perdu dans ses pensées, le jeune soldat sautait alors sur l'occasion pour se relever rapidement une fois réparé, et ce, malgré la nouvelle remarque étrange de son vis-à-vis. Décidément, le robot avait des sérieux problèmes aujourd'hui et In Ho comptait bien lui en tenir un mot ou deux. Loin d'être touché par ses remarques qu'il jugeait fausses et surtout pas honnêtes, In Ho ne lui en tenu pas compte et se contenta d'aller chercher de quoi se désaltérer. Une fois assit sur le canapé, il ouvrit sa bière et se mit à boire tout en observant le robot en silence. Pour une raison qu'il ne comprenait pas, le dénommé Ezeckiel ne semblait pas comprendre qu'il était peut-être bugé. Il disait même qu'il pensait ce qu'il avait dit. "n'importe quoi" pensa alors l'humain. Pour In Ho, le robot ne pouvait pas penser de telles choses puisqu'il n'était pas programmé à cet effet là et à moins d'être attaqué par un virus, il lui était impossible de dire de telles choses.

Toutefois, In Ho resta silencieux face à sa nouvelle remarque, se contentant d'écarquiller les yeux en se demandant si une telle chose était possible. Pouvait-il réellement aimer un humain et si oui, dans quelle mesure ? Il s'agissait bien du premier robot qui lui avait une telle chose et cela l'étonnait beaucoup. Tellement qu'il ne réussit pas à réagir lorsque les lèvres d'Ezeckiel se posèrent soudainement contre les siennes. Choqué par son geste, il mit quelques secondes avant de réaliser et de reculer en le regardant en fronçant les sourcils. "Non mais je...tu..." Déboussolé, l'humain se râcla la gorge sans savoir quoi dire, à la fois gêné et passablement en état de choc. Est-ce qu'il avait apprécié ça ? Difficile à dire. Embrasser un robot était étrangement la même chose qu'embrasser un humain. "Ezeckiel ce genre de choses...ne se fait pas. T'es un robot, je veux pas casser ton délire mais...tu sais pas ce que tu dis, tu n'es pas un être humain. C'est comme si je voulais me taper mon toaster, tu vois où je veux en venir ? Bon c'est pas vraiiiiment comme si t'étais un toaster, t'es quand même bien plus agréable à regarder, t'es marrant et tes lèvres sont assez douces mais..." In Ho s'arrêtait soudainement, conscient de ce qu'il venait de dire. Rouge, il toussa un peu en regardant à côté de lui. "Mais je dis de la merde. Effaces ça de ta mémoire"